Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Camus and co
22 août 2010

HEMINGWAY - LES VERTES COLLINES D'AFRIQUE

Roman publié en 1937 (Folio).

Extrait n°1

«  Or s'il est agréable de chasser ce que vous convoitez beaucoup pendant de longs espaces de temps, de voir vaines vos ruses, vos manoeuvres et d'avouer un échec chaque soir, mais il faut pouvoir chasser librement et savoir à chaque sortie que, tôt ou tard, la chance tournera et que vous aurez l'occasion que vous cherchez. Mais il n'est pas agréable d'avoir une limite de temps dans laquelle vous devez tuer votre koudou ou risquer de ne jamais l'avoir, ni même d'en voir un. Ce n'est pas ainsi que devrait être la chasse. C'est trop comme ces garçons qu'on envoyait à Paris avec deux ans pour réussir, comme écrivains ou peintres, après quoi, s'ils n'avaient pas réussi, ils devaient revenir chez eux et entrer dans les affaires de leur père. La vraie manière de chasser est de le faire aussi longtemps que vous vivez et aussi longtemps qu'il existe un certain animal ; exactement comme la vraie manière de peindre est aussi longtemps qu'il y a vous et des couleurs et de la toile, et d'écrire aussi longtemps que vous pouvez vivre et qu'il y a un crayon et du papier ou de l'encre ou n'importe quelle machine pour le faire, ou n'importe quel sujet sur lequel vous avez envie d'écrire, et vous vous sentiriez un imbécile, et vous seriez un imbécile de faire autrement. Mais maintenant nous étions là, harcelés par le temps, par la saison et par l'épuisement de notre argent, de sorte que ce qui aurait dû être amusant à faire chaque jour, que l'on tue ou non, devenait forcément cette perversion tout à fait exaspérante de la vie : l'obligation d'accomplir quelque chose en moins de temps qu'on ne devrait vraiment en disposer pour le faire. » (p22)

Extrait n°2

«  Les écrivains devraient travailler seuls. Ils ne devraient se voir que quand leur travail est terminé et même alors pas trop souvent. Ou bien ils deviennent comme les écrivains à New York. Tous des asticots dans une bouteille, essayant d'extraire le savoir et la nourriture de leur propre contact et de celui de la bouteille. Quelquefois la bouteille a la forme de l'art, quelquefois des sciences économiques, quelquefois une forme économico-religieuse. Mais, une fois dans la bouteille ils y restent. Ils se sentent seuls en dehors de la bouteille. Ils redoutent la solitude. Ils ont peur d'être seuls dans leur croyance et pas une femme ne pourrait en aimer aucun assez pour qu'en cette femme ils puissent tuer leur solitude, ou la confondre avec la sienne, ou faire avec elle quelque chose qui rende le reste sans importance. » (p32)

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 32 498
Publicité