HARRISON - UNE ODYSSEE AMERICAINE

Roman publié en 2010 (J'ai Lu).

Extrait n°1

«  Tous les paysans de la région étaient inquiets: les arbres avaient fleuri très tôt, ils étaient à la merci d'une gelée. Ces jours-ci, pour la première fois depuis vingt-cinq ans, je n'avais plus rien à foutre du temps qu'il faisait, puisque la ferme était vendue. Pour le cinquième jour d'affilée, le temps était le cadet de mes soucis, il m'était sorti de l'esprit, revenant parfois solliciter mon attention, pour être aussitôt congédié. Une partie de l'esclavage mental qu'est l'agriculture tient au fait qu'on se dit toujours qu'il fait trop chaud ou trop froid, trop humide ou trop sec, ou qu'une tempête risque d'abimer les fruits. » (p39)

Extrait n°2

«  Un an environ avant notre rupture, Vivian m'avait déclaré que je serais peut-être un individu plus intéressant si j'avais quelques problèmes psychiques. Ma mère disait souvent que papa souffrait de problèmes psychiques, mais avant de mourir elle a reconnu que papa avait simplement trop de lui en vie pour un seul corps. » (p52)

Extrait n°3

«  J'ai atteint Jamestown au bout de douze heures de route. Après avoir avalé un sandwich à la poitrine de bœuf, j'ai disposé mes outils de travail sur la table de ma chambre de motel. La fatigue de la conduite m'a privé de toute intuition. Je suis retourné m'asseoir à la table avant l'aube et j'ai mis deux sachets de café dans la cafetière, qui ont fait de moi un rêveur parfaitement éveillé: je voyais le derrière de Sylvia dériver à travers la page blanche. Peut-on en conclure que la biologie est plus forte que l'art? Sans aucun doute. » (p265)